Les créations Mark Levinson ne sont pas du genre à être adoptées par n’importe quel quidam. La présence, souvent ostensible et satisfaite, de ces dernières au sein d’une entité domestique, traduit immanquablement un délicieux état de mélomanie avancée. Du genre à déclencher l’envie irrépressible de n’accéder qu’à la quintessence de la reproduction sonore, de ne tremper ses lèvres dans le calice de la musique qu’à condition que celui-ci soit l’authentique Saint Graal.
La gamme N°5000, héritière de la séraphique série N°500, adopte donc une ligne de conduite conforme à une certaine idée de la perfection phonique - née dans la tête de M. Levinson il y a cinq décennies, et exaltée de manière exponentielle depuis - tout en souhaitant la faire descendre d’un cran, afin qu’elle puisse être effleurée par une portion un brin plus vaste du commun des mortels. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’amplificateur intégré N°5805 choie la plèbe mélomane via une multipotentialité des plus réjouissantes.
Mêmes lignes ciselées graphiques, même finition noire matte empreinte d’une sobriété classieuse, mêmes touches lumineuses carmin : le N°5805 affirme avec élégance son appartenance à la gamme N°5000. Il est donc né d’un bloc d’aluminium massif de plus de 2cm d’épaisseur, usiné dans la masse, tout comme son lignage. La façade de l’amplificateur intégré N°5805 est garnie de panneaux en aluminium massif anodisé noir, profilés pour épouser à la perfection un écran en verre teinté, intégrant trois délicats boutons de commande en aluminium cerclé d’un anneaux lumineux rouge. L’ensemble est serti dans une lunette en aluminium anodisé clair, clin d’œil évident à la morphologie avant – et avantageuse - du reste de la gamme.
Une physionomie qui n’est pas la seule à s’avérer bien charpentée, l’élaboration intestine du N°5805 n’est pas en reste, puisqu’il opte pour une amplification en classe AB, tout en composants discrets, portée par une méthode de couplage direct. Cette solide amplification est alimentée par un imposant transformateur toroïdal avec enroulements secondaires individuels voués aux canaux gauche et droit - de 500 VA chacun. Une amplification emphatique, qui s’appuie également sur la technologie propriétaire Thermal-Trak, conçue par Mark Levinson afin d'optimiser la polarisation des transistors, indépendamment de leur charge et de leur température.
L’étage de gain de tension, qui hérite très nettement du célèbre N°534, est associé à un étage de sortie combinant deux transistors à grande vitesse de commutation - fonctionnant en classe A - avec six transistors de sortie de 260 V / 15 A. Cet étage de sortie exploite quatre condensateurs de 10000 microfarads par canal, il n’en fallait pas moins pour fournir ses 125W RMS par canal sous 8ohms - 250W/canal sous 4ohms - capables de galvaniser les plus avides des enceintes haut de gamme.
Le châssis copurchic de l’amplificateur intégré N°5805 recèle un système de conversion numérique/analogique 32bits propriétaire Mark Levinson PrecisionLink II, porté par une puce ESS Sabre Pro - avec circuit d’éradication de la gigue. De concert avec un convertisseur courant-tension discret entièrement équilibré, ce dernier constitue l’âme de cet étage de traitement audio numérique d’exception. Le N°5805 est en mesure d’assumer le décodage des fichiers audio numériques DSD et PCM haute résolution jusqu’à 32bits/384kHz, et est compatible MQA. De quoi jouir sans limite de la crème des contenus proposés par les plateformes de streaming - flux audio MASTER chez TIDAL par exemple. Son récepteur Bluetooth aptX-HD permet une lecture sans fil du meilleur calibre disponible.
L’amplificateur intégré N°5805 utilise un circuit de pré-amplification de niveau ligne double monophonique à couplage direct - entièrement discret - Mark Levinson PurePath. Ce circuit propriétaire breveté mobilise un étage de gain unique, couplé à un réseau de résistances à commande numérique - pour l'ajustement du volume - qui préserve l’intégrité optimale du signal et une bande passante aussi large que possible.
L’étage phono hybride conceptualisé pour l’amplificateur intégré N°5805 emprunte volontiers à son homologue « Pure Phono » observé au sein de la série N°500. Il présente une topologie de gain composite des principaux composants discrets de cette dernière, affiliés à des circuits intégrés à faible bruit : les performances, bien qu’élevées, se maintiennent à budget raisonné. À l’instar de ses cousins de la série N°500, l’étage phono du N°5805 dispose d’un égaliseur hybride actif / passif RIAA qui mobilise des résistances de précision et des condensateurs en polypropylène afin d’obtenir une précision et une clarté sonore exceptionnelles. La sélection du gain MM ou MC et du filtre infra-grave se feront via le menu de configuration, tandis que les paramètres de réglage de l'impédance et de la capacitance seront quant à eux aisément accessibles depuis le panneau arrière.
D’un point de vue connectique, l’amplificateur intégré N°5805 affiche quatre entrées numériques : deux optiques, une coaxiale et un port USB-B asynchrone. Du coté analogique se trouvent deux connecteurs stéréo RCA Mark Levinson - aux relais de commutation de signal propres, et de haute fiabilité - une entrée XLR symétrique et deux entrées phono, MM et MC, toutes deux paramétrables en fonction des typicités de la cellule utilisée. À cela viennent s’ajouter un port RS-232 – pour un contrôle par domotique – et deux entrées mini jack 3,5mm - respectivement IR, et trigger 12. Une télécommande IR en aluminium assorti accompagne cet amplificateur intégré infusé de classe américaine, puisque méticuleusement conçu, développé et confectionné avec légitime fierté aux USA.
Le N°5805 se distingue de son faux jumeau de la gamme, le N°5802, par des aptitudes phono et analogiques, absentes chez son homologue, voué lui, à une affiliation à des sources exclusivement numériques - le N°5805 renonce également à la connectique AES/EBU arborée par le N°5802.
L’amplificateur intégré Mark Levinson N°5805 multiplie les facultés imbibées des précédents techniques établis par la maison. Un aplomb assuré et justifié, qui ne se traduit pas par une distillation abusive de poudre au yeux tonitruante, mais par une démonstration de force tranquille, tout en raffinement phonique : c’est sans doute là que l’on reconnait le véritable summum du chic audiophile.