1968. Elvis est has been. Cela fait maintenant huit longues années qu’il déambule sans conviction dans une carrière qu’il a voulu cinématographique. Car à son retour du service militaire en 1960 et après le très douloureux et culpabilisant décès de sa mère, Elvis s’imaginait mal retourner sur scène pour retrouver ses fameuses ondulations pelviennes et les acouphènes corollaires aux hurlements hystériques qu’elles déclenchaient chez les jeunes filles en proie aux affres hormonaux.
Lassé de jouer les jolis coeurs pour adolescentes en grand besoin de se rincer l’oeil, corsetées par l’Amérique crispée des sixties, Presley cède aux sirènes d’Hollywood, mais n’y trouve qu’une usine à rêves brisés, et se voit vite engoncé dans une version neurasthénique de lui même. Un Elvis de synthèse, enchainant des comédies insipides, poussant vaguement la chansonnette sur des bandes originales franchement oubliables. Une période creuse durant laquelle il végète dans le microcosme plastique et mesquin d’Hollywood, boulottant des anxiolitiques, pendant que d’autres – Beatles, Dylan etc… – grignotent tranquillement son trône de roi du rock’n’roll.
Béni soit l’élan vital qui le mena sur la scène de l’émission spéciale Elvis,’68 Comeback Special en décembre 1968. Le revoilà donc le beau Elvis, tout de cuir vêtu et rouflaquettes débridées, un dandy rockabilly à la coolitude distanciée du type qui en a vu d’autre, et à la voix de crooner plus belle que jamais. Le retour du roi.
Résurrecté, il retourne à Memphis – après près de 15 ans d’absence – et enregistre dans la foulée un album touché par la grâce, empreint de country, de soul, de gospel et de rhythm and blues. L’adversité et la maturité sont passées par là, sa voix s’en retrouve tatouée d’une superbe indéniable, que les arrangements inspirés par le son soul Stax mettent ici parfaitement en valeur. Le bien joli témoin d’une rédemption élégante, avant sa transition vers le plus clinquant Elvis version Vegas.
Masterisé à partir des bandes originales – du master analogique 1/4″ / 15 IPS, vers DSD 256, vers console analogique, vers tour – pressé sur MoFi SuperVinyl chez RTI, et strictement limité à 10 000 exemplaires numérotés, le coffret 2LP UltraDisc One-Step 180g 45RPM Mobile Fidelity de From Elvis in Memphis est le genre d’album qui donne l’impression d’être écouté habillé d’un très chic peignoir en soie, dodelinant avec style, un verre de cocktail old fashioned à la main, même si la réalité est plus proche du combo, jogging sans âge/cheveux sales/tisane et voix qui déraille…
TRACKLIST
- Wearin' That Loved On Look
- Only the Strong Survive
- I'll Hold You in My Heart (Till I Can Hold You in My Arms)
- Long Black Limousine
- It Keeps Right On A-Hurtin'
- I'm Movin' On
- Power of My Love
- Gentle on My Mind
- After Loving You
- True Love Travels on a Gravel Road
- Any Day Now
- In the Ghetto
- Suspicious Minds