«Hotel California» entre en gestation courant 1976, alors même que les USA se remettent tant bien que mal de la gueule de bois post-guerre du Vietnam, qui semble avoir laissé derrière elle l’écho du bruit de la fraise sur la dent du fond des états d’âme d’une Amérique traumatisée. Voilà maintenant 7 ans que l’antéchrist anxiogène Charles Manson a douloureusement sifflé la fin de l’insouciance sixties, que les gentils hippies dégoulinants d’amour se sont mués en junkies blafards et que le pays a été sévèrement recalé à l’examen de bienveillance. Ce désenchantement, les gars d’Eagles aussi l’ont pris en pleine face, exacerbé par le succès grandissant, et les excès sponsorisés par le rock’n’roll qui vont avec. Désertion d’un membre fondateur, tournées frénétiques et harassantes, came, alcool et désintox : les petits princes du soft rock ont pris du plomb dans l’aile et dans la tête. Et parce que le-dit soft rock n’est pas forcément écervelé, Eagles s’apprête à accoucher de son album le plus abouti, chronique d’une terre natale pétrie de défauts, un mirage cruel sur lequel toute une génération vient de se casser les dents.
«Hotel California» donc. Chanson titre et tube interplanétaire. Six minutes et des poussières faussement sentimentales devenue cultes. Synonyme pour beaucoup de la quintessence du slow, «Hotel California» dépeint en réalité sournoisement les déboires – c’est le cas de le dire – d’un homme en lutte contre ses addictions. Le fameux hôtel n’ayant finalement rien d’un havre de paix pour faune dorée Los Angelienne – comme le sous-entend la pochette de l’album – mais s’avère en fait un bon vieux centre d’aseptisation de vices narcotiques en tout genre. Et autant vous dire tout de suite que le type en question perd cette bataille. Voilà de quoi régler son compte à tout résidu d’optimisme hippie qui trainerait encore dans les parages. Alors oui, la chanson est très inspirée du «We Used To Know» de Jethro Tull, mais puisque ces derniers ne s’en sont pas offusqués, qui sommes-nous pour juger?
Un album gorgé de ballades bien ficelées, toujours exaltées par la production léchée de Bill Szymczyk. Tantôt infusé au rock pur, tantôt ré-injecté de country, «Hotel California» nous balade – ah, ah – agréablement à travers les contradictions américaines, jusqu’au coup de grâce – encore une fois, c’est le cas de le dire – de «The Last Resort», dentelle mélodique doucereuse qui décrit l’indicible génocide indien, conclusion transgressive à l’air de ne pas y toucher idéale de cet album entré dans la légende.
Masterisé à partir des bandes maîtresses analogiques d’origine – du master analogique 1/4″ / 15 IPS / Dolby A vers DSD 256, vers console analogique, vers tour – pressé sur SuperVinyl MoFi et strictement limité et numéroté, ce coffret double vinyle UltraDisc One-Step 180g 45RPM Mobile Fidelity ouvre grand les portes du fameux Hotel California à quiconque aura envie d’y pénétrer.
TRACKLIST
- Hotel California
- New Kid in Town
- Life in the Fast Lane
- Wasted Time
- Wasted Time (reprise)
- Victim of Love
- Pretty Maids All in a Row
- Try and Love Again
- The Last Resort