Le hard rock seventies – encore gentillet, dixit certains cuirs (trop) chevelus enclins à la secousse énervée – n’a pas eu son pareil pour électriser les masses. Parmi les marqueurs de cette époque bénie, tissée de solos d’air guitar incandescents, de premiers baisers – et autant de chewing-gums – partagés sur des slows grandiloquents boursoufflés de riffs élaborés, le premier album de Foreigner se pose là, pétri de mélodies jouissives délicieusement familières.
Déracinés peut-être les gars de Foreigner – une proportion majoritaire de son lineup est britannique et donc expatriée, d’où leur patronyme – mais sacrément sur le coup lorsqu’il s’agit de composer des hymnes assez survoltés et/ou emphatiques pour coloniser les ondes de la grande Amérique. Du blockbuster hédonique Feels Like The First Time, à l’incontournable et supertrampesque Cold As Ice – inspiré par la frigorifique et sublime star hollywoodienne Joan Crawford – tous deux désormais passés à la postérité rock, ce premier album éponyme déborde de titres parfaitement en phase avec son époque : celle où rock’n’roll et parents précédemment ulcérés ont enfin trouvé un chemin d’entente. Grâce à Foreigner, nombre de petits rockers échevelés et hargneux ont pu balancer leurs boites crâniennes en cadence avec celles de leurs géniteurs.
Dirigé par Mick Jones, ex Spooky Tooth – et auparavant musicos de Johnny Hallyday! – Foreigner est articulé autour d’un collectif talentueux bi-national – étasunien et british – composé de l’ex-King Crimson Ian McDonald, du batteur Dennis Elliott, du claviériste Al Greenwood et du bassiste Ed Gagliardi. Un ensemble complété par les vocalises rugissantes de Lou Gramm, dont le timbre vocal torride fait frémir aussi bien les jeunes filles délurées, que leur gentilles mamans.
Quasi instantanément propulsé sensation rock par cet enthousiasme généralisé, Foreigner est cinq fois intronisé disque de platine et entre avec panache dans l’inconscient collectif. Et si le disque s’est toujours démarqué par une production nette et immédiate, il n’a jamais explosé avec l’intensité dynamique et la transparence opulente désormais disponibles sur cette édition vinyle 180g Mobile Fidelity, masterisée selon les préceptes exigeants du label – du master analogique 1/4″ / 15 IPS vers DSD 64, vers console analogique, vers tour. Montez donc un peu le son et laissez-vous aller à vos bons souvenirs rock’n’roll… Pas la peine de nous remercier voyons…
- Good Times Roll
- My Best Friend's Girl
- Just What I Needed
- I'm in Touch With Your World
- Don't Cha Stop
- You're All I've Got Tonight
- Bye Bye Love
- Moving in Stereo
- All Mixed Up