Que ceux qui n’ont jamais tenté de reproduire la fameuse chorégraphie spectrale du clip Thriller en petite tenue devant le miroir de la salle de bain nous jettent la première pierre, mais honnêtement, là, il semble que nous touchions à quelque chose de sacré. Un mythe évidemment, et pourtant si accessible. Car oui, toute paire d’oreilles ayant passé plus de vingt minutes sur Terre a forcément entendu un extrait du Thriller de Michael Jackson. Et tout propriétaire d’une clavicule et d’un sens du rythme un brin approximatif a très probablement frôlé la luxation à un moment ou un autre de l’écoute de ce véritable totem de l’histoire de la musique.
Et c’est là toute la magie de Thriller : l’universalité. Album le plus vendu de tous les temps - 70 millions d’exemplaires écoulés à travers le monde - succès intersidéral et transversal, libéré de toute notion de classes, cet hybride emprunte à la pop, au funk, au disco, à la soul et au rock, et matérialise un onguent musical capable de retirer - un instant - ses oeillères à une société encore trop bornée à une vision monochrome des êtres. Et ce, avec un panache cinématographique à tomber. La parfaite synergie entre image et musique.
Ceux qui, plus jeunes, ont eu, comme qui dirait, « les miquettes » devant l’incroyable clip de l’éponyme Thriller - réalisé par Monsieur John Landis, paternel de la comédie lycanthrope culte Le Loup Garou de Londres : on a la classe ou on ne l’a pas, que voulez-vous… - ou porté leur pauvre Walkman aux limites de la fusion à grand coups de « rewind », « stop », et « play » qui auront eu la peau de leur cassette éreintée de l’album, vont pouvoir appréhender à nouveau ses mélodies à la dansabilité exponentielle dans des conditions d’exception. Tout juste âgé de 40ans, l’album séminal du roi de la pop s’offre une gracieuse édition vinyle UltraDisc One-Step 180g 33RPM dévote, masterisée à partir des bandes maîtresses analogiques d'origine – du master analogique 1/2″ / 30 IPS, vers DSD 256, vers console analogique, vers tour – pressée chez RTI, et strictement limitée à 40 000 exemplaires numérotés - dont seulement 400 en France - présentés dans un boîtier de luxe. Une véritable relique, à la superbe enfin à la hauteur d’un chef d’oeuvre intemporel.
Éminemment dynamique, joyeux, et humain, innocent et suave à la fois, Thriller déploie un charisme terriblement familier, absolument irrésistible. Des morceaux si ancrés dans l’inconscient collectif qu’il semble un peu dérisoire de les détailler ici. Du titre inaugural hyperactif Wanna Be Startin’ Somethin’, au frétillant P.Y.T., de l’imparable hymne horrifique Thriller, au rock débridé de Beat It - électrisé par un certain Eddie Van Halen, guitar hero en chef des eighties - en passant par la doucereuse ballade Human Nature… et enfin, probablement la plus grande chanson pop jamais écrite, Billie Jean : il ne s’agit plus vraiment de subjectivité lorsque l’on aborde le sujet Thriller, il s’agit d’Histoire, tout simplement.
Tracklist :
Face #1 :
- Wanna Be Startin’ Somethin’
- Baby Be Mine
- The Girl Is Mine
- Thriller
Face #2 :
- Beat It
- Billie Jean
- Human Nature
- P.Y.T. (Pretty Young Thing)
- The Lady In My Life