Les mois précédant la sortie de ce Highway 61 Revisited, Dylan a été sacrement malmené par ses fans, révulsés par le fait qu’il ait – oh scandale ! – cédé à la tentation de brancher une guitare électrique sur son précédent album – Bringing it All Back Home. Des gosses sensés être, comment dit-on déjà ? ah oui : peace and love. La bonne blague. Une ulcération qui connut son apogée lors du festival de Newport, en juillet 65, mémorable soirée mélodrame durant laquelle Dylan fut mitraillé de huées.
Du coup, le gamin virtuose de la prose, vexé comme un pou, persiste et signe un brûlot poétique qui électrocute avec emphase compassion affectée sélective et poses contestataires hypocrites. S’enfonçant encore un peu dans une radicalité blues, il toise avec ironie un monde absurde dans lequel, c’est décidé, il ne trempera plus un seul orteil. Les critiques sociétales sont toujours là, mais affinées sur plusieurs degrés, imagées, moins évidentes, toujours laconiques et cruelles.
Si Dieu Dylan créa la folk, c’est lui aussi qu’il l’enterrera. Et une fois n’est pas coutume, réécrira l’histoire du rock. À 24 ans. Oui, le gosse est un brin complexant. Cette édition limitée SACD, masterisée selon les exigeants critères audiophiles MoFi – du master analogique 1/4″ / 15 IPS vers DSD 64 – se devait de faire honneur à cette œuvre acide et prodigieuse, qui peut se targuer d’avoir retourné le cerveau d’une flopée d’icônes rock en devenir de manière indélébile – juste comme ça, Springsteen, ça vous parle ?
TRACKLIST
1. Like a Rolling Stone
2. Tombstone Blues
3. It Takes a Lot to Laugh, It Takes a Train to Cry
4. From a Buick 6
5. Ballad of a Thin Man
6. Queen Jane Approximately
7. Highway 61 Revisited
8. Just Like Tom Thumb's Blues
9. Desolation Row