Premier effort du groupe, Santana – l’album donc – a sans doute bénéficié de l’impulsion publicitaire fortuite la plus stylée de toute l’histoire du rock. Car lorsque l’on évoque la légende Woodstock, cinquante ans plus tard, entre les jolies freaks aux seins pieds nus et les grands chevelus nonchalants aux pupilles dilatées, seule une poignée de performances subsistent au simple folklore hippie. Et Dieu sait si celle de Santana, véritable transe virtuose infusée au mezcal (eau de vie mexicaine dont la base est l’agave, pour la gouverne des plus sages d’entre vous), a propulsé fissa le brujo rock’n’roll gourou ultime de la gratte. Un tremplin cosmique qui pourrait se résumer en six minutes magiques : la débauche de minauderies bluesy et d’incantations chicanos moites quasi shamaniques de Soul Sacrifice. Le gringalet aux doigts virtuoses et à la pilosité labiale décadente y embarque sa clique de musicos surdoués pour un jam frénétique et enfiévré. De quoi secouer les puces des babos hébétés, ça c’est sûr. Le petit Carlos y fait miauler sa Gibson libidineuse avec une animalité impassible. Après tout, le type débarque fraichement de Tijuana, il en a vu d’autre. Avec ce premier opus, le groupe pose les bases d’un genre inédit : le rock latino. Métissage hédoniste de blues et de rythmiques ultra sexuées toutes latines, cet album érotise le rock de papa avec une vélocité à vous décoller la plèvre.
Cette édition SACD audiophile, masterisée selon le protocole exigeant MoFi – du master analogique 1/4″ / 15 IPS / Dolby A vers DSD 256 – restitue enfin adéquatement cette effervescence lascive, reproduite près de 40 ans durant avec ses canaux droit et gauche inversés, autant dire une hérésie rock’n’roll.
TRACKLIST
1. Waiting
2. Evil Ways
3. Shades of Time
4. Savor
5. Jingo
6. Persuasion
7. Treat
8. You Just Don't Care
9. Soul Sacrifice